J'peux pas trop dire que c'est une nouvelle mais bon, c'est ce qui ce rapproche le plus de ce que c'est... >___<
Juste inspiré par une image soudainement apparue à mon esprit...
La petite demoiselle
Elle était assise sur le banc, un sourire pâle sur son visage évanescent. Sa chevelure semblait avoir pris sa liberté, bouclettes désorganisées et vagues aux reflets dorés sous ce soleil d'hiver. Contre sa poitrine, elle tenait un de ces jeux de cartes dont on ne saurait réellement déterminer l'utilisation, envelopé dans sa bourse de velour noir. Noir, comme la couleur de sa jolie robe. Sur ses genoux, une peluche, un chat d'apparence rapiécée, dont la bonne bouille aurait fait craquer n'importe quel enfant.
Elle attendait en regardant passer la vie, les gens qui l'ignoraient, et ceux qui la dévisageaient. Elle était seule sur son banc, et elle balançait ses jambes d'avant en arrière, petite demoiselle bien vêtue et perdue dans un monde qui ne la comprenait pas. Elle n'était pourtant pas de ces égarés du monde : simplement, la mélodie qu'elle écoutait, celle que chantait le Monde pour elle, n'était pas la même que pour la plupart des gens. Elle préférait entendre parler des landes où vivait celle qui accueille les morts, le sourire aux lèvres, mère sans enfants et aux milliers d'adoptés, des steppes glaciales où chassait la Dame de l'Hiver avec ses loups, de l'Arbre chevauché par le Furieux, des aventures de celui qui n'était ni mauvais, ni bon.
Elle aimait parler avec ces êtres, ces Dieux que tous avaient oubliés, et, assise sur son banc, tandis qu'elle regardait passer la vie, elle murmurait à leur adresse des prières et des hommages, des commentaires amusés ou des idées farfelues. Elle aimait à parler sans que personne d'autre qu'Eux ne comprennent, parce que c'était leur chant qui la berçait, la nuit, ou qui l'éveillait, le matin, le sourire pendu aux lèvres.
Et parfois, elle se plaisait à caresser son chat, cet être inanimé, en pensant à la Dame, celle qui lui souriait au printemps sur les lèvres de tous les félins qu'elle croisait.
Alors elle prononça ces paroles ailées en saissant la tête de cet être-là, cette peluche, compagnon des jours qui passent, un petit rire au fond de la gorge, la joie emprisonnée dans sa voix frêle d'enfant.
-Monsieur, si vous le permettez, rejoignons la farandole de la Nature, la danse du Soleil et de son frère la Lune, déplaçons-nous, nous reviendrons ici bien assez tôt pour écouter le chant des vies qui défilent sous nos regards innocents.
Et elle se leva, Monsieur dans les bras, pour repartir d'un pas joyeux vers les endroits qu'elle aimait.