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 Songes interdits

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Raphaël
petite plume
Raphaël


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MessageSujet: Songes interdits   Songes interdits Icon_minitimeJeu 15 Nov - 13:48

Le bout de rêve qui commence cette histoire est tiré d'un rêve que j'ai fait. Il m'a paru si étrange (pas effrayant : juste étrange) qu'il ne pouvait pas ne pas devenir une histoire.

Des masques dorés, immobiles, flottent dans une lumière bleu pâle. Aucun regard n'apparaît dans leurs yeux en amande, rien d'autre qu'un vide qui semble pourtant scruter jusqu'à l'âme. Leurs bouches dessinent de larges sourires froids.
Cette image imprégnait les pensées de Chloé Guilmours alors qu'elle savourait son thé et ses biscuits du matin. Elle se souvenait très rarement de ses rêves, mais celui-ci semblait incrusté dans son cerveau.
Ces masques étaient plus étonnants qu'effrayants. Pourtant, plus encore que de leur couleur dorée, plus encore que leurs sourires inexpressifs, plus encore que leurs yeux vides, elle se rappelait la peur glacée qui l'avait envahie pendant son sommeil. Pourquoi ces visages d'une froide neutralité l'avaient-ils terrifiée ?
Elle se leva, termina son thé d'un trait, posa sa tasse dans l'évier du coin-cuisine et referma la boîte de biscuits, qu'elle rangea dans un placard. Dans une demi-heure, son centre de loisirs devait être en mesure d'accueillir les jeunes désoeuvrés et les petits durs de cette maussade cité de Clichy.
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Raphaël
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MessageSujet: Re: Songes interdits   Songes interdits Icon_minitimeJeu 15 Nov - 14:07

Attention : gore à l'horizon.

Une sirène de police déchira le calme matinal de l'avenue Foch. Le gyrophare striait d'éclairs bleutés la façade d'un immeuble cossu alors que la voiture s'arrêtait négligemment. Le contact fut coupé. Le commissaire Daniel Cavalier quitta le véhicule et, d'une pression sur sa clef-télécommande, le verrouilla.
Un agent en uniforme le salua.
_ C'est au...
_ ...cinquième, je sais, coupa froidement Daniel. L'appel était bien clair. Merci.
Il entra d'un pas vif dans le vestibule. Sa vieille veste de cuir, son jean noir délavé et ses chaussures d'un noir terne semblaient n'avoir pas leur place entre ces murs de marbre blanc crème.
Du regard, il explora la luxueuse entrée. Sur les boîtes aux lettres s'affichaient des noms et des adresses gravés sur de petites plaques de cuivre.
Corentin Faretti. 5ème étage. Appartement 54
Daniel connaissait bien ce type. Trop bien. Une liste d'ennemis plus épaisse que l'annuaire parisien, un casier judiciaire long comme un roman. Et comme par hasard, il habitait là où on avait retrouvé un cadavre. Certainement impliqué dans l'histoire, donc.
Dans le rôle du mort ? pensa-t-il. Alors même un dur comme toi trouve son maître un jour ou l'autre...

_ Bonjour, chef, salua le lieutenant Pierre Marton lorsque Daniel quitta la cabine de l'ascenseur au cinquième étage.
Il sortait d'un des appartements, les mains encore revêtues des gants de plastique obligatoires sur les scènes de crime. Son visage livide suffit au commissaire pour deviner l'horreur du spectacle qui l'attendait. A ses côtés se tenait sans doute un témoin. Il portait un peignoir brun par dessus une chemise bleue, une cravate plus foncée et un pantalon blanc.
_ Alors ? Faretti s'est fait un ennemi de trop ?
Sous ses cheveux bruns et bouclés, l'étonnement accentua l'air gamin de Marton.
_ Vous savez déjà qui c'est ?
Daniel entra dans l'appartement. Des agents en uniforme et des techniciens en blouse blanche s'affairaient dans un immense salon.
_ Dès que j'ai vu son nom sur une boîte aux lettres, ça a fait tilt. Avec tous ses ennemis, ça devait finir comme ça et je me suis dit que ça avait pas raté. Je savais même pas qu'il avait une planque ici. A moins que ça ait été son adresse principale. Il était pas facile à suivre...
_ C'était qui ?
_ Un type que nos services connaissaient depuis trop longtemps. Proxénétisme, armes, héro... Dès que ça se trafiquait, il s'en servait pour faire du fric.
_ Ses affaires marchaient bien, alors. Vous avez vu l'appart ? Attendez, chef ! Je dois vous prévenir : c'est pas beau à voir.
Daniel soupira et décocha au jeune lieutenant son regard J'en-ai-vu-d'autres-je-connais-mon-boulot.
_ Bon. Vous allez me recueillir la déposition du témoin, ordonna-t-il en enfilant ses gants de latex.

Dans le salon, le médecin légiste enregistrait ses premières impressions sur son dictaphone :
_ Tout le squelette semble avoir été brisé, ou broyé. Pourtant, la peau ne semble porter aucune blessure visible. Les dents ont été vraisemblablement arrachées.
_ On les a retrouvées ?
Le légiste sursauta, leva son visage, enclencha la pause de son appareil.
_ J'allais le signaler, s'irrita-t-il, dérangé dans son travail. C'est troublant. Mais ce genre de question, c'est votre domaine, je crois.
Daniel s'accroupit et examina le cadavre. Marton avait raison : c'était franchement immonde. Même quand on en avait vu d'autres.
Ce n'était plus qu'un corps mou comme un grotesque coussin de chair. Le cou, les bras et les jambes formaient des angles absurdes et répugnants, tels des lombrics agonisants. Par le nez écrabouillé et la bouche privée de forme s'étaient échappés quelques flots de sang, qui séchaient.
Ils ont dû bien s'acharner dessus.
Et pourtant, le salon ne portait pas la plus petite trace de lutte. Chaque meuble, chaque livre semblait bien à sa place. Comme si...
Faretti s'est laissé faire ou quoi ?
Cette hypothèse d'autant moins vraisemblable que, de son vivant, c'était un type qui avait appris à se battre dans la Légion, était contredite par la peur et la souffrance lue dans les yeux vitreux.
_ Bonjour Chef.
Daniel se redressa et se retourna vers le lieutenant Matthias Ronsard.
_ Faudrait que vous veniez voir la cuisine.
_ Un autre cadavre ?
_ On aurait préféré : ça aurait fait une énigme en moins.
Le commissaire se dirigea vers la pièce que lui indiquait Ronsard.
Des portes de placards arrachées, des miettes de vaisselle jonchaient le sol et les tables et chaises renversées. Le four, le micro-ondes et le réfrigérateur gisaient, éventrés. Une grosse masse d'aliments en bouillie gisait.
Le salon où gisait le cadavre était impeccable. Mais sa cuisine n'était qu'un infâme chaos.
_ Vous avez déjà vu un truc pareil, chef ?
_ Pour le coup de la cuisine, c'est une mise en scène, c'est évident. Mais pourquoi faire ? On a affaire à des sacrés tordus.
Au fond de lui, quelque chose qu'il nommait instinct criait que c'était bien plus compliqué que ça.
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Raphaël
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MessageSujet: Re: Songes interdits   Songes interdits Icon_minitimeDim 18 Nov - 14:49

Chloé déverrouilla la porte de son centre de loisirs et entra. Elle se dirigea vers son bureau où l'attendaient un mobilier usagé et un vieil ordinateur à l'écran entouré de post-its.
Matériel boxe thaï pas rangé. Prévoir engueulade.
Elle sourit. Ca n'allait être ni le premier sermon qu'elle leur dispenserait, ni le dernier. Ces jeunes avaient besoin d'activités, de compréhension, mais aussi d'autorité. Elle-même, dans son adolescence, avait été de la même trempe.
On verrait ça à leur arrivée.
Elle ouvrit la fenêtre aux vitres fendues. Un air morne de banlieue s'engouffra dans la petite pièce. Au pied des tours lépreuses, des voitures arboraient leur peinture maculée de tags, les plaques de carton qui remplaçaient leurs vitres brisées...

Des masques dorés, immobiles, flottent dans une lumière bleu pâle.
Le souvenir de ce rêve étrange taquina à nouveau le cerveau de Chloé. Pourquoi avait-elle eu si peur de ces visages neutres ?
Aucun regard n'apparaît dans leurs yeux en amande, rien d'autre qu'un vide qui semble pourtant scruter jusqu'à l'âme. Leurs bouches dessinent de...
_ Tu mates le paysage ?
Chloé sursauta.
_ Excuse, je voulais pas te faire peur !
_ Pas de problème.
Elle se retourna. Dans l'entrée de son bureau se tenait une jeune noire sanglée dans un survêtement de toile bleu et blanc. Ses longues tresses tombaient sur ses épaules. Des rangées de petits anneaux dorés ornaient ses oreilles.
_ Salut, Linda.
_ On peut savoir à quoi tu pensais ?
A un rêve bizarre : des masques dorés qui m'observaient...
_ C'était pas très important...
_ Comme tu veux ! Bon, on passe un coup de balais avant que les fauves arrivent ?
_ OK ! sourit Chloé.
Les fauves... Surnom amical et bien trouvé pour ces jeunes qui jouaient les durs à tout bout de champ.
_ Pour la boxe thaï, on laisse tout en plan, et ce sera à eux de ranger. D'abord, j'ai pas envie de tout me taper ce matin, ensuite, faut bien qu'ils se mettent dans le crâne qu'ils sont aussi responsables que nous.

Linda savait que son amie venait de lui mentir. Dix ans plus tôt, elles avaient partagé une cellule dans la prison pour mineurs de Clichy. Elle avait commis plusieurs vols et Chloé était coupable d'actes de violence.
Cette époque avait fait de ces deux jeunes délinquantes de véritables soeurs. Chacune connaissait l'autre par coeur, lui accordait une totale confiance.
Alors, pourquoi ce mensonge ?
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