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 Blessure d'enfance

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Mathi
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Mathi


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MessageSujet: Blessure d'enfance   Blessure d'enfance Icon_minitimeLun 19 Nov - 11:26

C'est une rédaction de français, écrite en ce début d'année.

Blessure d'enfance


Il y a des éléments qui restent gravés dans notre mémoire malgré le temps qui passe. Ces deux semaines furent sûrement les plus tristes de ma vie. Imaginez vous, à huit ans, vivant le décès de deux de vos proches en peu de temps.

Ce mercredi matin là, je me réveillai en sursaut. Une agitation inhabituelle régnait dans la maison. Je me levai et sortis de ma chambre, les yeux et l’esprit encore englués par le sommeil. Ma mère était au téléphone, elle crie, pleure, ne tient pas en place. Je ne l’avais jamais vue dans un tel état, je pris peur. Lorsque je saisis le sens de ses paroles, mon cœur se serra. Elle répétait sans cesse la même phrase :
- Non c’est pas vrai ! Pas lui ! C’est pas possible !
Je pensai immédiatement à mon père, j’espérai qu’il se trouvait en sécurité dans son bureau. Ma mère me vit et raccrocha le téléphone. Des larmes perlaient le long de ses joues.
- Je… je suis désolée ma chérie, sanglota-t-elle. Ton… ton grand-père est… est parti…
Elle me tendit ses bras, et je m’y précipitai, pleurant à chaudes larmes. J’avais compris. Je me trouvais partagée en deux, une toute petite partie de moi était rassurée de savoir que mon père vivait toujours et l’autre, plus importante, était dévastée. L’image de mon grand-père me revint en mémoire. Sérieux et fort, je n’aurais jamais pensé qu’il vienne à mourir si tôt. Mais après tout, les enfants pensent rarement au décès de leurs proches.

Aujourd’hui, je sais qu’il était condamné, car gravement malade. Mais même encore maintenant, à l’instant où j’écris, je refuse de connaître cette maladie. Je sais que d’y penser me ferait fondre en larmes.

Je pensai à ma grand-mère, se réveillant à côté de son défunt époux. Ma mère et moi restâmes longtemps dans les bras l’une de l’autre. Elle, refoulant ses larmes et tentant de m’apaiser et moi, m’abandonnant totalement au chagrin. Je passais ma journée à broyer du noir, craquant à la moindre occasion, jusqu’au retour de mon père. Seuls ses yeux, légèrement rougis, prouvaient qu’il avait pleuré. Il ne laissa rien paraître devant moi, restant fort. Sa force m’étonne encore, je n’ai jamais vu mon père pleurer. Les jours s’écoulèrent, triste enchaînement d’heures, nous reçûmes les inévitables condoléances de nombre de gens. Mais, comme si ce n’était pas déjà assez dur, comme si le sort s’acharnait contre nous, le cauchemar recommença.

Le mercredi suivant ce premier drame, je me réveillai en sursaut, une étrange appréhension me nouant l’estomac. J’eus cette désagréable impression de déjà-vu, la suite confirma mon pressentiment. Je sortis de ma chambre et vis ma mère, le téléphone à l’oreille. Elle crie, pleure et s’effondre sur une chaise. Je ressentis le besoin de hurler lorsqu’elle prononça cette maudite phrase, j’aurais aimé ne jamais l’entendre.
- Je… je suis désolée ma chérie, sanglota-t-elle. Ta… ta grande tante est… est morte…
Je me jetai dans ses bras sans lui laisser le temps d’esquisser le moindre geste. Cette fois-ci, nous craquâmes ensemble. Chagrins d’une femme et d’une enfant ne faisant plus qu’un. Je ne pris même pas la peine de m’habiller, et mangeai peu. Ma journée ne fut qu’une suite de larmes. Mes parents essayèrent de me faire parler pour extérioriser ma peine, mais je refusai d’ouvrir la bouche.

Malgré leurs mots et gestes encourageants, je ne pus me rendre à l’école le jour suivant.
Les instituteurs, compréhensifs, ne me brusquèrent pas lors de mon retour parmi eux. Mais les plaies morales ne se refermèrent pas.

Ces deux semaines m’ont rendue extrêmement sensible. Cette sensibilité n’est pas toujours à mon avantage, j’essaie d’être forte comme mon père, mais je ne le peux pas, je ne suis pas lui. Au contraire, je suis comme je suis, et je pense que cette faiblesse m’accompagnera encore longtemps, ainsi que le souvenir de ces deux semaines.
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